Lundi 17 Février 2025 à 18:00
( se termine à 20:00 )
Dominique Barthélemy
Académie des inscriptions et belles-lettres & Ecole pratique des Hautes Etudes (Paris)
Dédramatiser l’an mille ? Violences féodales et terreurs religieuses à l’épreuve de l’histoire critique
Dans l’histoire de la Lotharingie comme de la France, écrite à l’époque moderne, les abords de l’an mille paraissent marqués par une forte violence féodale. Des chevaliers fort peu chevaleresques, rassemblés dans les châteaux, imposent au pays leurs guerres incessantes et le poids de leurs taxations. L’oppression féodale désespère le peuple, au point que le XIXe siècle a souvent cru qu’il avait espéré la fin des temps à court terme (« terreurs de l’an mil ») ou que, d’une manière ou d’une autre, il s’était jeté dans les bras de l’Église, seule capable de lui donner de l’espoir et du soutien, de terroriser les chevaliers par ses anathèmes et de freiner ainsi leurs violences. Une histoire critique, soucieuse de bien lire les sources et de s’émanciper des idées modernes (sans les rejeter forcément toutes), peut mettre en lumière certaines limites de la domination féodale et une certaine ambivalence de l’Église à son sujet. Pour autant, les traces de luttes demeurent : jusqu’à quel point pouvons-nous dédramatiser l’an mille ?
Dominique Barthélemy est membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), professeur émérite à Sorbonne Université et directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes-études (où il tient toujours un séminaire). Ses travaux ont porté depuis 1974 sur la France féodale et sa religion. Il a étudié la seigneurie de Coucy (thèse de 3e cycle parue en 1984) et La société dans le comté de Vendôme, de l’an mille au XIVe siècle (thèse d’état publiée en 1993). Il a réfuté par une critique constructive la théorie d’une révolution féodale de l’an mil, soutenue notamment par Georges Duby, et en reprenant les dossiers il en a tiré des vues nouvelles sur le servage, la chevalerie et les paix diocésaines (« mouvement de la paix de Dieu »), reprises notamment dans son essai récent, Miracles de l’an mil (Paris, 2023). Il a également étudié La bataille de Bouvines. Histoire et légende (2e éd. révisée, Paris, 2024). Il entretient des relations étroites et fructueuses avec les historiens belges, notamment Jean-Pierre Devroey, Alain Marchandisse, Alexis Wilkin, Jean-François Nieus et Nicolas Ruffini-Ronzani.
Invitant:
